Les policiers veulent vous parler? Sachez ceci!

policeVous recevez l’appel ou la visite des policiers qui veulent vous poser des questions en lien avec la commission d’un crime. Si vous n’avez rien à vous reprocher c’est banal; on y va et on collabore…

ATTENTION!!! Les policiers utilisent des termes comme : vous êtes un témoin important; un sujet d’intérêt ou un témoin indirect, oculaire ou potentiel…

Peu importe la qualification, les policiers veulent vous rencontrer pour recueillir des informations et des preuves pour leur enquête. Votre statut dans l’enquête peut changer dramatiquement en fonction des versions que vous et d’autres peuvent donner. Vous pouvez passer de simple témoin à suspect plus rapidement que vous ne le pensez.

Parfois les policiers ont déjà un suspect, parfois pas, ils cherchent à relier des personnes à la commission de l’infraction et les expéditions de pêches ne sont pas rares.

Étiez-vous dans le secteur ou le crime a été commis?
Connaissez-vous la victime?
Auriez-vous un mobile de commettre ce crime, un avantage pécuniaire ou autre?
Votre situation personnelle fait-elle de vous un candidat à commettre un crime?
(ex : vous avez besoin d’argent pour payer des dettes importantes rapidement)
Avez-vous eu, à leur sens, une opportunité unique de commettre ce crime?
(vous étiez le seul dans les parages, et capable de le commettre)

Tous ces facteurs (et bien d’autre) peuvent être pris en considération pour faire évoluer votre désignation dans l’enquête et vous faire passer de simple témoin à suspect.

Les techniques d’enquête des policiers sont multiples, parfois on voudra vous parler d’un événement mais on débordera sur un autre sujet (celui pour lequel ils enquêtent vraiment). Parfois on vous dira qu’on a seulement quelques questions banales à poser pour conclure une enquête de police alors que dans les faits, ils collectent encore des informations préliminaires. Vous ne serez jamais certains de la direction que prennent les policiers ni de la véritable raison pour laquelle ils désirent vous parler. Ils peuvent vous dire que tel témoin a vu ou entendu quelque chose ou qu’ils détiennent de l’information alors qu’il n’en est rien.

Les policiers, par leurs enquêtes, cherchent à découvrir un suspect. Lorsqu’ils trouvent un suspect et qu’ils sont confortables de croire qu’ils ont leur homme, leur enquête visera à démontrer que c’est ce suspect et nul autre qui a commis le crime. Ils chercheront donc des détails sur votre vie, vos habitudes, vos allées et venues qui confirmeront leur hypothèse afin de démontrer que vous avez commis le crime. Vous pouvez être totalement innocent et vous retrouver accusé d’un crime que vous n’avez pas commis, voir même, être condamné.

Comme tout bon citoyen, nous voulons collaborer puisque c’est notre devoir. Mais il ne faut pas non plus être naïf en s’imaginant que si on est innocent on ne peut pas être accusé, ou que les policiers ont toujours les coudées franches!

Voici quelques exemples de situations ou vous ne devriez pas collaborer sans avoir préalablement consulté un avocat

Les policiers veulent vous faire venir au poste pour vous parler en tant que témoin. On vous fait comprendre (à mots voilés) que si vous ne venez pas de votre propre chef, on pourrait aller vous chercher.

Autre situation, deux policiers débarquent chez vous pour vous poser des questions. À un moment ils vous mettent en garde que tout ce que vous pouvez dire, pourrait servir de preuve contre vous : une simple formalité administrative disent-ils avant de prendre une déclaration. Comme vous n’êtes pas détenu, ils n’ont pas à vous donner le droit à l’avocat. Mais la mise en garde démontre que vous avez franchi un certain seuil dans l’enquête et que les policiers croient qu’il est possible que vous soyez impliqué même s’ils ne vous le disent pas.

Il est à noter que la croyance à l’effet que «si on veut consulter un avocat avant de parler aux policiers» suppose qu’on a nécessairement quelque chose à se reprocher est tout à fait fausse. Les policiers qui utilisent ce genre de phrase pour dissuader une personne de consulter leur avocat sont justement ceux dont il faut se méfier.

Si vous voulez consulter un avocat avant de rencontrer des policiers, l’avocat peut parler aux enquêteurs avant la rencontre pour vérifier leurs intentions, la nature de l’enquête qu’ils mènent, la nature des questions qu’ils veulent vous poser. Il peut ainsi vous informer du statut probable que vous avez face à l’enquête, sur l’opportunité de collaborer avec les policiers et même au besoin, assister à la rencontre pour éviter des dérapages.

Si les policiers veulent s’entretenir avec un de vos employés pour une enquête portant sur votre compagnie, vous seriez avisé de lui payer un avocat avant qu’il n’accepte de participer à cette rencontre de façon à protéger ses intérêts et peut être ceux de votre compagnie.

Michel Dorval